AMANDINE BOURGEOIS

orga : BMO // ouverture des portes à 17h30 En 2008, une voix a succédé à Christophe Willem et Julien Doré au sommet du palmarès de La Nouvelle Star. Avant de se préoccuper de son image, Amandine Bourgeois nous a d’abord scotché par son chant. Un chant gorgé de chaleur éraflée, de gouaille charnelle, de vibrations émotives incarnant aussi bien la puissance que la fragilité, les pulsions noires du groove qu’une blancheur suspendue. Qu’allait-elle faire de ce don ? Un album d’athlète vocal, de démonstration pyrotechnique ? 20 m2, bien au contraire, ramène aux dimensions de l’intime, ce timbre capable de tous les exploits. Même si la modestie d’une chambre de jeune fille n’empêche pas la variété des aventures. La voix d’Amandine a une histoire. Celle d’une gamine très tôt amoureuse de musique, en phase avec la passion dominante d’une famille recomposée ( père guitariste, beau-père bassiste ). L’enfant rêve d’un duo avec Whitney Houston, s’impose _ à 7 ans _ la rigueur des cours de solfège, puis _ à 9 ans _, celle de la flûte traversière et du Conservatoire de Nice. Longtemps, elle se trouve un timbre fluet et pas assez de coffre pour assouvir ses envies de chanter. L’ado franchit quand même le pas au sein d’un premier groupe pop, Tess, avant de choisir la rude école d’un groupe de reprises, Zia. Avec ces derniers, elle écume les bars et les pubs de la région toulousaine, pour plus de trois heures de set par week-end. Elle y apprend à bouger, à saisir un public, à hurler un répertoire passant du rock abrasif au funk, du folk au meilleur de la soul et du rhythm’n’blues (Aretha Franklin, Stevie Wonder, Marvin Gaye, James Brown). Ses cordes vocales n’y résistent pas. Aphone plusieurs semaines, elle est remise sur pied par un professeur d’art lyrique qui va faire un atout de cet incident. Car ce grain à jamais voilé, mais à la maîtrise et à la puissance décuplées, va élargir le registre de la blanche Amandine vers des territoires rarement fréquentés par les chanteuses françaises. On se rappellera André Manoukian s’extasiant devant cette « réincarnation de Janis Joplin ». On pensera aussi à d’autres blondes _ Joss Stone, Fiona Apple _ saisies par le blues. Laissée libre d’exprimer sa personnalité dans son premier album, Amandine s’y révèle auteur-compositrice autant qu’interprète. Avec la collaboration de Guillaume Soulan (guitariste) et avec l’aide d’autres plumes comme Ariane Moffatt, Ludéal, Rose ou Jeanne Cherhal, elle concilie dans les 14 titres de 20m2, une façon de tresser de petites histoires, propre à la chanson française, avec une expressivité proche des musiques afro-américaines. Productrice idéale de ce mélange des genres, Edith Fambuena a depuis longtemps démontré, aux côtés d’Alain Bashung, Etienne Daho, Jane Birkin, Jean Guidoni, Kaolin ou Pauline Croze, l’élégance d’une touche mariant sobriété et audace des arrangements. On ne se rappelle pas avoir entendu pareil cocktail de grooves et d’instrumentation acoustique. Les chansons peuvent s’emballer sur le mode de la comédie ou de la satire en télescopant syncopes funky, guitare folk et cuivres r’n’b (Chacun son truc), tempo primesautier, swing jazzy, trompette latino (L’homme de la situation, premier single écrit par Ariane Moffatt), orgue sixties, rythme rock’n’roll, toasting reggae et ambiance dance floor ( l’irrésistible Les Loustics), ska léger et chœur gospel (La fièvre acheteuse). Amandine peut aussi s’émouvoir avec guitare sèche et violons (Lisa, Du temps), vibrer d’une lumineuse délicatesse (Etranger de Jeanne Cherhal, digne de Joni Mitchell), oser d’étranges rêveries qui pourront évoquer les Rita Mitsouko (Chut ) ou Higelin (Bonbons adulés), se tendre aussi vers plus d’électricité (Les Trous). Plus intéressée par la justesse des émotions que par la performance, cette voix unique se met au service de chansons à la fois concises et foisonnantes. Un pari gagné dans 20m2. www.amandinebourgeois-officiel.com