JOEYSTARR + CUT KILLER + FDY PHENOMEN + DEGOM

Joeystarr est de retour, on se frotte les mains.

Cinq ans après son premier essai solo (Gare au Jaguarr, 2006), l’Expert de la Maison Mère reprend le micro pour un deuxième disque qu’il a intitulé Egomaniac. C’est un événement, et Joeystarr, forcément, est à la hauteur. Dès l’ouverture, l’hypnotique Underground up et le furibard Jour de sortie replacent en seize secondes à peine le Jaguarr sur la carte du rap français : la prison, ça, c’est fait, et l’autre moitié de NTM peut désormais revenir aux affaires avec des intentions fermes – les MC sont en sursis. Ceux qui croyaient Joeystarr définitivement parti au cinoche (on le voit actuellement à l’affiche de Polisse de Maïwenn, présenté à Cannes, où il est excellent merci) s’étaient collé la caméra dans l’œil. « Le hip-hop il est où là ? » s’interroge-t-on sur Hip-Hop, le troisième morceau de l’album ? Il est « pas ailleurs » répond sobrement l’Expert, et à son contact - un vieux classique - il reste compact.

En majorité produit par Kimfu, ce deuxième Joeystarr propulse l’artiste du quatre-vingt-treize (comme disent les médias) encore un peu plus loin. Egomaniac, c'est le Jaguarr dans toute sa splendeur. C’est des textes engagés, d’un côté, et des moments de roue libre qui leurs sont forcément accolés. Joeystarr se livre parfois, et c’est toujours assez bouleversant (écoutez donc Mamy …, featuring Nicoletta, et ouais), Joeystarr s’engage (On te voit, le nouveau morceau préféré de Nicolas Sarkozy), puis Joeystarr fait le tour du périphérique avec quelques amis, la fiole à rhum en folie (ça donne Faut s’lever, morceau totalement éthylique et donc totalement hilarant).

Le type a ses contradictions. Tant mieux. Car plutôt que de les cacher, il a choisi de les assumer - et d’en faire un disque. Le hip-hop, c’est raconter sa vie. Joeystarr le fait ici mieux que quiconque, avec force et conviction, mais aussi avec la pudeur et la complexité qu’on ne lui reconnaît pas assez souvent (pour en être convaincus écoutez donc Mon rôle, rencontre au sommet avec Oxmo Puccino). Ce nouveau Joeystarr, c’est encore la confirmation que l’on tient ici un type dont les épaules ont définitivement choisi de dépasser la simple mêlée hip-hop. Le rap, il connaît – c’est presque lui qui l’a fait en France, on n’exagère pas en disant ça, et donc mieux que quiconque, il sait où il faut l’emmener, comment le polir. « Fourchette haute j’reçois mes hôtes avec du caviar », lance le Jaguarr de sa voix inimitable sur Champagne, l’un des morceaux phares de ce disque de très très haut standing.

Un disque qui brille par ses lyrics au cordeau (comme d’habitude, les punchlines de Joeystarr vont peu à peu entrer dans votre vie, on se revoit dans six mois, ça parlera cheese nan ou calèche), posés sur des beats en merisiers, des samples souples (avec Kimfu, le Jaguarr semble avoir trouvé un acolyte presque parfait). Egomaniac c’est un album qui révèle l’écriture racée,parfois sombre et dissonante d’un artiste qu’on aura vu, depuis NTM, grandir sous nos yeux (« l’enfant terrible du rap français », comme dit la dame de la télé, dès les toutes premières secondes de l’album).

C’est la marche décidée d’un des types les plus doués de sa génération, d’une figure majeure du rap qui avance sans se renier, qui a choisi de s’inscrire au patrimoine sans jamais camper sur ses positions. Joeystarr est de retour, on se frotte les mains. Pierre Siankowski, Les Inrockuptibles

25,50 € tarif réduit / 27 € / 28 € SP // Tarif chômeur (disponible seulement à la Fnac) 22 € dans la limite des places disponibles.

FDY PHENOMEN : http://www.myspace.com/fdy92

DEGOM : http://www.myspace.com/degom13