KERY JAMES + PSYKICK LYRIKAH

À l’heure du streaming, du MP3 et des records de vue sur YouTube, cela mérite d’être souligné : depuis ses débuts, Kery James réalise des albums. Pas de collections de titres disparates mais des œuvres construites, portées à chaque fois par un enjeu fort et reflétant l’état d’esprit de leur auteur au moment de leur conception.

À l’ombre du show-business faisait passer son message à une autre échelle : collaborer avec Charles Aznavour et créer l’hymne conscient « Banlieusards ». "Réel", en 2009, marquait son retour à un rap nerveux, épidermique, qui poussait la maîtrise technique à son paroxysme. Aujourd’hui, après une tournée acoustique triomphale en 2012 (dont trois semaines consécutives aux Bouffes du Nord) pour célébrer ses vingt ans de carrière, Kery James entame un nouveau cycle. Il revient avec un album dont le titre est déjà tout un message, il s’intitule "Dernier MC" (sortie le 13 mai 2013).

L’univers musical de nouvel opus est à l’unisson de la parole de Kery James. Les chœurs baroques et hallucinés de « Dernier Mc », le dérayage dubstep des « Mots », les rythmiques offensives et sudistes de « 9Trap Music », les cordes discrètes de « Constat amer » allient efficacité et richesse musicale. Wealstarr, Stan, Proof, Greg K, Médeline fournissent la plupart des compositions. Arrangées et enrichies par Tefa, réalisateur de l’album, elles fournissent l’écrin idéal à celui qui demeure l’un des meilleurs rappeurs français et l’un des plus techniquement précis. Loin de toute préciosité littéraire, les textes de Kery James sont sculptés dans une langue simple, émotionnelle, qui permet au travail d’interprétation de se déployer de toutes parts. Telle une grenade dégoupillée au micro, Kery est autant capable d’aboyer et grogner une rythmique épileptique (« 9Trap Music ») que de murmurer, en symbiose avec la musique (« Des Mots »). Tout au long du disque, Kery James a la bonne idée d’associer d’autres artistes à sa démarche. Outre Capleton (« Soldier ») et LFDV (« Des Mots »), Niro vient prêt sa gouaille au refrain de « Y a rien ». Quant à Médine et Youssoupha, ils se prêtent à une joute verbale qui devrait rester dans les mémoires. A n’en pas douter, ces nouveaux titres devraient trouver sur scène une ampleur méritée. http://www.keryjames.com/dernier-mc/

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