
CHRISTOPHE " Les Vestiges du Chaos Tour " + LAURIE DARMON
CHRISTOPHE
Tout homme transporte avec lui son chaos intime. Christophe, sans doute, plus qu’un autre. Un big bang originel forgé à partir de souvenirs d’enfance, d’émotions déflagratoires, de pensées magiques, de mélodies happées au vol, de rythmes primitifs, d’images furtives imprimées à jamais dans son cortex et qui constituent le disque dur de sa mémoire. Depuis plus de cinquante ans, il en fait la matière brute de son œuvre. Ajoutez-y un certain goût pour les extrêmes - pour cet amateur de belles carrossées qui s’est vu retirer son permis de conduire, toute sortie de route est bienvenue - et son amour sincère d’esthète pour les mots qui sonnent, et vous comprendrez pourquoi « Les vestiges du Chaos », titre d’une nouvelle chanson co-écrite avec Jean-Michel Jarre, l’homme des « Mots bleus » et des « Paradis perdus », est devenu celui du treizième album studio du dandy « un peu maudit, un peu vieilli » à la voix de soie rose froissée. « Aujourd’hui, je suis ce que je suis. Les vestiges, c’est toute la poussière que je traîne... », explique-t-il, d’un laconisme plein de poésie.
Du chaos surgit toujours la lumière. De la pratique quotidienne, neuve pour cet autodidacte des dièses et des bémols, de ses trois précieux pianos, aussi au point et perfectionnés que la Porsche Carrera qui dort dans son parking, du bricolage de ses ordinateurs et de ses synthétiseurs, nuit après nuit, dans son appartement-laboratoire du boulevard Montparnasse, sont nées, comme d’habitude, des dizaines et des dizaines de chansons. Par chance, Christophe a décidé d’en faire un album, le premier depuis « Aimer ce que nous sommes » (2008), si l’on excepte la collection d’inédits de « Paradis retrouvé » (2013) et « Intime» (2014), où il revisitait, en version ultra-dépouillée, ses titres les plus mythiques, d’ « Aline » aux « Marionnettes ».
Pourtant, à force de l’attendre, on avait failli ne plus y croire. On avait presque renoncé à espérer de nouveaux morceaux de la légende vivante... Cependant, la surprise est là, éblouissante. Un album-monde où le maestro du son, en peintre sûr de sa patte, de ses textures et de ses couleurs, montre toutes les facettes de son art, dévoile tous ses visages et même temps. L’artiste de variété capable de mélodies d’une beauté limpide et d’une bouleversante profondeur d’interprétation (« Dangereuse », « E Justo ») ; le bluesman barré et sidéral initié par John Lee Hooker et Lightnin’ Hopkins (« Définitivement »), l’aventurier des mondes infinis, amoureux des programmations de Trent Reznor, Kanye West, Black Atlass ou Lana Del Rey, voguant sur de sensuelles ou ténébreuses nappes de synthés (« Drone », « Les vestiges du Chaos », « Ange sale ») ; le dandy électrique des origines croonant de concert avec Alan Vega, le chanteur vétéran de Suicide, sur un électro rock d’une élégance racée toute eighties (« Tangerine »).
Seul sur Mars, l’icône copernicienne est secondée pour les paroles par Jean-Michel Jarre (« Les vestiges du Chaos »), Boris Bergman (« Ange sale »), Daniel Bélanger (« Tangerine », « Drone »), la jeune plume Laurie Darmon (« Océan d’amour », « Stella Botox », « Tu te moques »), Muriel Teodori (« Lou »), Claire Le Luhern (« Dangeureuse » et « Lou »), Maud Nadal (« Definitivement ») et Isabelle Prim qui a accompagné Christophe à l’écriture du titre « Les mots fous ».
Un opus d’une fulgurante modernité imaginé par Christophe, épaulé de Christophe Van Huffel, à ses côtés depuis 15 ans, où sa voix cristalline revient au premier plan grâce à la virtuosité de la jeune génération représentée par Maxime Le Guil (nominé aux Grammy Awards 2016 - dans la catégorie Best Engineered Album) à la co-réalisation et Clément Ducol qui habille cet album de cordes ultra-sensibles.
Aux commandes d’un album mystérieux et cinématographique, expérimental et grand public, excitant et jamais nostalgique, lyrique et fun, aussi brillant qu’un diamant noir, il croise le passé, le présent et l’avenir, rend hommage à Lou Reed, l’ami-idole de toujours qui le réclamait à chacun de ses passages à Paris et dont il narre les derniers instants sur terre, invite à déclamer, de sa voix grave, l’actrice Anna Mouglalis, travestit les mots bleus en mots fous, fait feu de tout bois. Retrouvant un élan neuf d’inspiration dans la consolidation musicale initiée par sa professeure de piano, la concertiste polonaise Justyna Chmielowiec qui, dit-il, lui a « enrichi sa palette et ouvert la voie vers l’infini » ; « moi, dans ma tête, je crée des symphonies, ajoute-t-il. Si j’avais eu le talent, j’aurais été derrière la Callas, pas artiste de variété ». Ne nous en plaignons pas, nous n’aurions pas eu ces « Vestiges du Chaos » qui nous mettent K.O... Debout.
http://www.christophe-lesite.com/
LAURIE DARMON
Parc Technologique du Canal Rue Théodore Monod 31520 Ramonville Saint-Agne