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ADÉ + HÉLÈNE SIO
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Vendredi 17 novembre 2023
ADÉ + HÉLÈNE SIO
chanson/pop, Le Bikini
27€ - 28,50€ / 29€ sur place
Ouverture des portes : 19h30
Terminé
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ADÉ + HÉLÈNE SIO

La nature se reconstruit après le passage des ouragans, mais qu’en est-il des jeunes filles ? Sans temps mort après l’adolescence, Adé a embarqué à bord de Thérapie Taxi, vrombissant trio au succès supersonique, affolant les scènes d’Europe et les compteurs du streaming comme celui des ventes de disques durant cinq années cavalées à toutes blindes. Lucide quant à l’éphémère endurance que le carburant de leur insolente jeunesse leur accorderait, le groupe avait acté dès le départ la fin de la course et il s’y tiendra, sans regret mais avec l’assurance d’avoir accompli l’essentiel. Deux albums, un ep d’adieu, des chansons qui ont marqué une génération, des milliers de souvenirs d’exaltation collective et aucun nuage durant le trajet, sinon celui du COVID qui les a conduits à repousser d’un an leur dernière tournée pour la route. Aussi, quand Thérapie Taxi donne son ultime concert au Zénith de Paris, en octobre 2021, Adé a déjà largement entamé sa métamorphose. Un duo avec Benjamin Biolay (Parc fermé) l’a identifiée autrement, capable d’autres registres que celui qui était le sien avec le groupe. L’ouragan passé, la nature l’a remise à sa place. Et les aléas du confinement font naître en elle des envies de repli, seule avec une guitare, à écrire et composer des jours durant des dizaines de chansons qu’elle ne dévoilera pas mais qui constituent un prélude nécessaire à cette nouvelle aventure. De son passage éclair sous les lumières, elle a conservé le goût de l’embrasement, de la vitesse, et malgré les heures qui s’étirent au cours de cette année 2020 au ralenti, elle enchaine, garde son cap, efface et recommence. Les chansons suivantes seront les bonnes.

Une quinzaine de chansons, cette fois présentables, en émanent comme par enchantement. A nouveau, tout s’emballe autour d’Adé, courtisée mais sereine et déterminée quant à ses choix, et c’est chez tôt Ou tard qu’elle choisit de poser son sac, rempli de carnets où elle a collé des images, un kaléidoscope d’inspirations, de bouts de décors fantasmés, de textes griffonnés, d’impressions furtives, de listes de noms, de films, de disques, bref, tout un portrait difracté de son futur album. C’est une fille pleinement de 2022, qui écoute parfois de la musique de 1922 (The Carter Family et l’écho vibrant des Appalaches) mais compose et écrit au présent, sans nostalgie ni peur du lendemain, aime l’instantané d’Instagram comme la chaleur intime du papier, la country antédiluvienne comme la pop contemporaine, commence une phrase en parlant de Cat Power ou Angus & Julia Stone et la termine en louanges pour Coldplay et Lorde. Les voix des filles d’Amérique, hier KT Tunstall et Shaina Twain ou aujourd’hui Kacey Musgraves, l’encouragent à libérer la sienne, loin de ce personnage bondissant et aguicheur qu’elle incarnait avec le groupe, plus près de ce qu’elle est dans la vie et de la façon dont elle a choisi de se réinventer. Pour y parvenir, une fois les chansons écrites, elle va procéder en trois phases. Adé en 3D.

D’abord elle s’enferme en studio avec un trio de musiciens aguerris de la scène française, sans doute les meilleurs du circuit. Florian Gouëllo (batterie), Laurent Verneret (basse) et François Poggio (guitare) l’aident ainsi à poser les bases de ses morceaux à l’automne 2021. Puis elle rejoint dans la foulée en Belgique deux des membres du groupe Puggy, Romain Descampes et Egil « Ziggy » Franzen, déjà à l’ouvrage avec Yseult ou Noé Preszow, qui vont coréaliser avec elle ce disque hybride, constitué de chansons empreintes d’authenticité mais culbutées par la technologie, défiant farouchement les époques et les styles.

Alain Bashung, il y a trente ans, avait « osé » transbahuter la chanson française de Memphis jusqu’à Bruxelles (Osez Joséphine), Adé va faire le chemin inverse, ou presque. Elle n’est jamais allée aux Etats-Unis, mais elle rêve de pedal- steel, de dobro, de banjo, de mandoline et d’harmonica. Cap alors sur Nashville, où avec Romain Descampe elle prend ses quartiers dans les chaleureux studios Sound Emporium, là où avant elle d’éminentes figures du folk et de la country, de Emmylou Harris à Willie Nelson, ont fait vibrer les lambris. Trois jours en compagnie des locaux Pat McGrath et Dan Dugmore et leurs instruments roots, sous la surveillance de Chad Carlson à la console (deux Grammys sur la cheminée pour le Fearless de Taylor Swift) auront suffi à Adé pour accomplir en accéléré ce rêve américain, qu’elle prolonge par un road-trip du Nouveau Mexique jusqu’à Los Angeles en passant par les plaines cinématographiques de l’Arizona. Les images des films défilent, Telma et Louise, Point Break, Rencontres à Elizabethtown de Cameron Crowe et sa B.O. dingue qui accompagne ce voyage initiatique. Le Cavalier électrique de Sydney Pollack, avec Robert Redford, inspire sur place le clip « in musicolor » réalisé par Stéphane Barbato pour Tout savoir, premier extrait qui donne la couleur d’un album de toutes les transfigurations. « J’me dirais à moi-même, que si j’me reconnais pas, que si je ne suis plus la même, c’est peut-être grâce à moi » se persuade-t-elle, et elle à ô combien raison.

A cheval entre pop luxuriante et country futuriste, Adé a trouvé le bon galop, traversant en Amazone, avec justesse, aplomb et un rien de candeur, les multiples paysages de l’amour et ses météos changeantes, ses zones de turbulences et ses accalmies solaires. Dans une atmosphère de saloon perdu sous la lune, elle chante, mélancolique, « les cœurs brisés vous souhaitent une bonne année », mais les années qui s’ouvrent pour Adé s’annoncent assurément radieuses. 

1ère partie

HÉLÈNE SIO

Où ?

Le Bikini
Parc Technologique du Canal Rue Théodore Monod 31520 Ramonville Saint-Agne